Présidentielle 2022 : ce que pensent les candidats du CBD et du cannabis
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles de 2022, on s’intéresse aujourd’hui à ce que pensent les différents candidats des dérivés du chanvre, et plus particulièrement du CBD.
Présidentielle 2022 : Le CBD dans le viseur du gouvernement depuis son apparition sur le marché français
En novembre 2020 le cannabidiol est reconnu comme produit non stupéfiant et légal dans toute l’Union Européenne. La loi sur la libre circulation des marchandises ne permet pas à la France de s’opposer à la commercialisation du cannabidiol, du moment qu’il est légalement produit dans un Etat membre de l’UE.
Même si le gouvernement français a avancé des arguments sur le risque que pouvait représenter la légalisation du CBD pour la santé publique, la Cour du Luxembourg estime que « d’après l’état actuel des connaissances scientifiques (…), le CBD en cause n’apparaît pas avoir d’effet psychotrope ni d’effet nocif sur la santé humaine ». C’est depuis juin 2021 que la cour de cassation français est venue approuver la décision européenne autorisant la commercialisation en France du cannabidiol. C’est d’ailleurs surement depuis cette date, que vous avez pu voir fleurir des CBD shops aux quatre coins des villes françaises.
Cependant, plus l’intérêt des consommateurs de cannabidiol grandit, plus l’Etat français s’inquiète de cet engouement en prétextant une nouvelle fois un risque pour la santé publique. C’est pourquoi le 31 décembre 2021 dernier un arrêté a été publié en vue d’interdire « la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation ». Prétextant un risque pour les consommateurs si les fleurs sont fumées, le gouvernement évoque également l’argument du trouble à l’ordre public, jugeant que l’autorisation des fleurs de cannabidiol complique la lutte contre les stupéfiants car les feuilles de cannabidiol et de cannabis se ressemblent tant par leur aspect que par leur odeur.
Argument jugé une nouvelle fois non valable puisqu’il existe depuis 2018 des tests mobiles instantanés et peu coûteux, qui permettent en quelques secondes de déterminer le taux de THC d’un produit et donc sa légalité.
Pour en savoir plus sur la dernière législation en matière de cananbidiol en France, consultez notre article “Pourquoi le CBD reste légal en France, malgré l’arrêté du 31 décembre ?”
Afin de bien différencier le cannabidiol légal du cannabis illégal, il a été rappelé aux professionnels que tous ceux qui entretiendraient la confusion entre cannabidiol et THC seront fortement sanctionnés, du fait d’inciter à la consommation et à l’usage des stupéfiants.
CBD et THC : une législation radicalement différente, mais des mentalités similaires
Bien que la législation fasse totalement la différence entre le cannabidiol et le cannabis, les positions des politiques sont souvent très similaires à leurs positions sur le cannabis. En effet, si la totalité des onzes candidats à la présidentielle 2022 ont tous un avis sur le cannabis, Nicolas Dupont Aignan, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron ne semblent pas connaître ni faire la différence entre THC et CBD, donc pour avoir leurs avis sur la question il faut s’en référer à leurs positions sur le cannabis.
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a même été au cœur d’une polémique, suite à ses déclarations sur France Inter où il regrettait la suspension par le conseil d’Etat de son arrêté sur l’interdiction du commerce de fleurs et de feuilles de CBD, en ajoutant « D’une manière générale, toutes les substances qui relèvent du cannabis, de la drogue, sont très mauvaises pour la santé. » Ce qu’à réfuté l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) rappelant que « Le cannabidiol est présent dans le cannabis et la résine de cannabis, mais il est dépourvu de propriétés psychoactives, il ne peut donner lieu à des abus et son potentiel dépendogène est nul. Il n’a pas non plus d’effets nocifs significatifs. »
A l’inverse, Yannick Jadot et Fabien Roussel connaissent en détails la différence entre les deux molécules et sont pour conserver la législation telle qu’elle est aujourd’hui. Enfin, Valérie Pécresse et Eric Zemmour, ne souhaitent pas remettre en cause la loi sur le cannabuduil validée par l’Union Européenne et par les scientifiques, bien qu’ils soient totalement opposés à la légalisation du cannabis et sont même favorables à une plus grande répression, au même titre que Marine Le Pen qui fait cependant la différence entre légalisation du cannabis et cannabis thérapeutique. Concernant Jean Lassalle et Jean-Luc Mélenchon, les seules déclarations, concernent leurs positions sur le cannabis, mais rien sur le CBD.
Quelles sont les positions des candidats face à la légalisation du cannabis ?
À gauche, les candidats sont relativement du même avis sur la question :
Jean-Luc Mélenchon propose de légaliser le cannabis à des fins récréatives. La vente et la production seraient encadrées par un monopole d’Etat. Les recettes des taxes sur le cannabis seraient affectées « à des programmes de lutte contre les addictions et à une politique de prévention ». Yannick Jadot souhaite que l’Etat encadre la production et la vente de cannabis. Les taxes perçues sur les ventes financeront les politiques de santé publique et de prévention des drogues.
Anne Hidalgo souhaite organiser une « conférence de consensus » dans le pays avec l’appui des maires, afin d’examiner « sans tabou » la question d’une légalisation menée sous le contrôle et « l’encadrement strict » de l’État. Même chose pour Fabien Roussel qui ne souhaite pas trancher sur la question du cannabis, car les « enjeux que soulève la dépénalisation du cannabis, et la diversité des opinions en présence, nécessitent un débat démocratique, rigoureux et éclairé par le travail des professionnels, en concertation avec les communes ». Philippe Poutou se dit pour la légalisation du cannabis et la dépénalisation de la consommation des drogues en général, quant à Nathalie Arthaud elle souhaite également la dépénalisation du cannabis pour « mettre fin à la répression contre les consommateurs et les plus petits revendeurs ».
À droite aussi les candidats semblent d’accord :
ils y sont défavorables. Valérie Pécresse souhaite lutter contre toutes les drogues, cannabis inclus. Elle plaide pour l’amende pénale. Marine Le Pen ne souhaite pas légaliser le cannabis et veut renforcer la répression en verbalisant les consommateurs et en mettant « en prison ceux qui dealent ». Nicolas Dupont-Aignan n’est pas non plus pour la légalisation du cannabis et ne souhaite pas se prononcer concernant le cannabis thérapeutique. Eric Zemmour quant à lui est revenu sur ses propos d’il y a un an, où il avouait se demander s’il ne faudrait pas légaliser le cannabis. Finalement il dit vouloir « d’abord appliquer avec férocité une politique répressive contre le trafic de drogue (…) ce n’est qu’ensuite, si elle échoue vraiment, que nous devons réfléchir à la suite ».
Concernant les autres candidats, Emmanuel Macron :
est contre la légalisation du cannabis, et veut lutter davantage contre les trafics de stupéfiants, avec plus de présence policière dans les points de deal. Enfin, concernant Jean Lassalle, il se positionne pour la légalisation en souhaitant encadrer « strictement sa vente et en dédiant une grande part des recettes à la lutte contre l’addiction »
Pour savoir quelles seront les futures mesures du gouvernement concernant le cannabis et le CBD en France, réponse lors du deuxième tour de la présidentielle, dimanche 24 avril 2022.